L’alliance présidentielle vole en éclats
L’alliance présidentielle vole en éclats
La rupture semble consommée entre le MSP et ses deux partenaires de l’alliance présidentielle, le FLN et le RND, en l’occurrence. Même si Abou Djerra Soltani en déplacement à Oran a mis la forme en laissant le soin à son Majliss Ec-Chourra qui tiendra une session en juillet prochain de trancher la question du maintien ou du retrait de sa formation de cette entité politique, son discours a été, on ne peut plus clair et tous les indicateurs orientent vers cette option. Qu’on en juge. A l’entame de son allocution donnée, vendredi à Oran, à l’occasion des travaux du bureau de wilaya de la femme et des questions de la famille il montrera d’emblée qu’il n’est pas d’accord avec le système des quotas que la réglementation, récente, accorde à l’élément féminin dans les assemblées élues, jugeant que la femme ne doit pas faire dans la participation mais dans le partenariat, considérant qu’elle s’engage pour le meilleur et pour le pire et qu’elle est bien capable d’assumer ses responsabilités. Au contraire de ses partenaires de l’alliance qui s’attèlent déjà à organiser des rencontres pour expliquer et sensibiliser leurs militantes à s’engager dans cette voie. Pour ce qui est du discours du président de la république du 15 avril dernier, et si le successeur de feu Nahnah le juge acceptable dans sa globalité, il n’en demeure pas moins qu’il montre certaines réticences quant aux priorités et à un agenda qui doit être clair et bien mis en évidence et il en proposera d’ailleurs un , allant du 1er mai au 31 décembre prochain comme date butoir . Il dira à une assistance surtout féminine que les réformes doivent d’abord traiter le volet politique qui doit primer sur les autres puisqu’ils en découlent ;qu’ils soient social,culturel,ou économique et que c’est au président de la république lui-même de mener ces réformes déniant le droit de le faire à toute autre partie, administration ou autre, faisant implicitement allusion au ministère de l’intérieur qui a déjà engagé les préparatifs pour la constitution des commissions qui prendront en charge la révision des lois citées dans le discours du chef de l’état. S’exprimant plus clairement, il optera pour un régime parlementaire, aux antipodes de Belkhadem qui même s’il admet son efficacité comme système n’en juge pas moins son inapplication actuellement ou d’un Ouyahia qui lui, a tranché pour le semi-présidentiel. Abou Djerra Soltani ne s’est pas gêné pour fustiger ceux qui refusent le changement et qu’il considère comme se complaisant dans un confort qu’ils ne veulent pas quitter. C’est d’une réconciliation politique globale dont nous avons besoin et non de bricolage qui videra de leur substance les réformes annoncées, tonnera Soltani qui bien que paraissant calme n’en laissait pas moins transparaître une certaine colère puisqu’il précisera que beaucoup de ses revendications ont été faites il y a longtemps et pouvaient faire éviter cette perte de temps préjudiciable pour le pays jugeant que l’Algérie ne fait l’exception comme le laissent entendre certains. Anticipant sur la question des journalistes quant au changement de position apparu dernièrement dans ses discours lors des différentes sorties, il tiendra à préciser par lui-même que c’est « le dictionnaire mondial » qui a changé et qu’il faut s’adapter à la conjoncture au risque de rater le coche et entrer dans une spirale dont on ne verrait pas le bout. Disséquant les causes qui d’après lui sont à l’origine des bouleversements que connaissent certains pays arabes, l’orateur indiquera que c’est l’injustice, la corruption, la durée dans le pouvoir des dirigeants et la mal répartition des richesses qui ont fait bouger les jeunes. A une question d’Ouest Tribune sur une de ses déclarations faite en mai 2005 à Sétif relative « au contrôle du pouvoir » en 2012 par le MSP, Abou Djerra Soltani ne s’est pas défilé mais a nuancé sa réponse précisant seulement que le pouvoir sera entre les mains des jeunes l’année prochaine.
C’est donc un président du MSP naviguant à contre-sens de ses partenaires de l’alliance présidentielle qui a débarqué vendredi à Oran et la réunion en juillet du Majliss Ec-Chourra ne peut qu’entériner cette façon de voir, nous dit un cadre de sa formation. Les dés sont jetés.
Hakim Ghali
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